La reflexion lancée ici sur la pratique du "off the record" continue à s'enrichir...
Intéressante discussion ce matin sur France Inter où Colombe Schnek ("j'ai mes sources" et I>média sur I>télé) nous avait invités Jean-Michel Aphatie, l'éditeur et blogger Guy Birenbaum et moi à commenter l'usage du "off" en politique (preuve que nos petites discussions ont visiblement fini par déborder la blogosphère).
On y entend notament l'interviewer de RTL défendre l'idée que le off a du bon.
"Un homme politique, dit-il, doit pouvoir bénéficier de "moments de détente" dans ses rapports avec les journalistes. Des moments où il peut se laisser aller à être moins sur ses gardes qu'il ne l'est à l'antenne et livrer son analyse, voire sa stratégie sans crainte de voir ses propos publiés (...) Tout au moins si on décide de raconter ce type déjeuner, est-il correct de l'en avertir"
Don't act. C'est un argument qui rejoint, un ton en dessous, celui de Jean-Pierre Elkabach sur la "trahison" (voir la video).
Un bémol tout de même à cette profession de foi tout à fait recevable : JM Aphatie n'exclut pas pour autant d'utiliser l'info, si info il y a "mais en protégeant sa source". Ou "en la vérifiant auprès d'autres".
Exemple cité : un proche de Jacques Chirac confie "off" à Christophe Barbier de l'Express que le président est équipé d'un Sonotone. Barbier l'écrit dans son journal en protégeant l'identité de sa source. JM Apathie pose "on" la question à Roselyne Bachelot, qui, surprise, confirme.
En sortant du plateau, elle traite "off" l'interviewer de "salopard" qui raconte tout ça dans son livre ("Liberté, Egalité, Réalité" chez Stock). Cet avoeu ministériel de l'appareillage du Président coutera sa place de ministre à Madame Bachelot. A notre connaissance, en revanche, le conseiller de l'Elysée est toujours en place (à moins qu'il ne vienne d'être nommé président du FC Rennes ?).
A la même heure, le site Marianne 2007 consacre un long post à une discussion que j'ai eu la veille avec Anna Borel et dans laquelle je tente de tirer quelques leçons de cette curieuse affaire.
Une heure plus tard je suis invité à m'exprimer sur RMC, dans les "Grandes Gueules", où l'on me confirme "on" que Jean-Jacques Bourdin est en train de déjeuner, au moment même où nous parlons, avec Nicolas Sarkozy et les rédactions de RMC et BFM : il a a laissé un message à ses deux confrères dans lequel il promet de mettre le compte rendu de ce déjeuner en ligne tout de suite après sur son blog. On le lira avec attention.
Enfin pour la bonne bouche, les premiers internautes à lire ce post me signalent ce petit mot que nous a laissé Christophe Barbier cet après midi en commentaire de "Sarko dans l'assiette" :
Cher Laurent,A mon tour, hier, de déjeuner, avec d'autres membres de la rédaction de L'Express, à la table du ministre de l'Intérieur. En pleine forme, à son habitude, plein d'humour (sur les autres plus que sur lui-même, bien qu'il soit ici en progrès) et d'idées.
"Quand j'empêche MAM de parler, je suis trop dur, quand je la laisse parler, tout le monde s'ennuie", lance-t-il. Et il s'engage à se taire du 22 décembre (au lendemain du dernier forum UMP) au 14 janvier (son congrès d'investiture), pour "ne pas gêner Chirac dans ses voeux".
Je n'ai pu voir si son genou s'agitait, étant assis en face de lui; mais le reste du petit bonhomme plein d'ambitions était très animé!
Côté assiette, brochette de gambas, volaille non identifiée (mange-t-on du poulet au ministère de la police?) et gâteau au chocolat avec glace. Sarko n'a pas mangé de gâteau, mais a pris deux boules de glace...
Le reste des infos, je les garde pour L'Express...
Amitiés,
C.
Lorsqu'on sait que Nicolas Sarkozy vient d'enchainer une série de déjeuners avec les rédactions (I>télé, l'Express, France Inter, RMC donc et la liste est incomplète) on imagine que si tout le monde se met à raconter on va au moins pouvoir comparer les menus :). Peut-être ai-je sans le vouloir et par naiveté (ou imprudence) créé un nouveau genre littéraire ? On peut toujours rêver...