C'est bien connu, Denis Robert est un sale type. Ancien journaliste à Libération, nostalgique du journalisme d'investigation, mal-rasé, mono-maniaque de la transparence dans la ténébreuse affaire Clearstream, il ne fait aucun doute qu'il mérite ce qui lui arrive...
La nuit dernière, donc, pour avoir reçu d'un ancien consultant d'Arthur Andersen un listing de clients de Clearstream, il a été mis en examen pour recel d'abus de confiance et vol.
Pour parler clair : Denis Robert est l'homme qui le premier a été en possession du document qui par la suite et jusqu'à preuve du contraire sans qu'il y participe d'une manière ou d'une autre allait être détourné et maquillé pour inclure notament le nom de Nicolas Sarkozy. En 2004, il avait même été le premier à établir et dénoncer la falsification.
Etonnante situation tout de même : alors que depuis six mois, Nicolas Sarkozy promet de "pendre à un croc de boucher" celui qui a maquillé ou fait maquiller les listings (sous-entendu Villepin, Rondot et Gergorin) et que Dominique Villepin, lui, accuse Sarkozy d'être un "agité du bocal"... Alors qu'aucun politique qui a vu passer ou eu vent de ces documents n'a été inquiété, ni même entendu comme "témoin assisté" (l'édulcorant linguistique de la mise en examen)... Voilà que l'on cloue au pilori le seul type sur la place de Paris qui a sérieusement tenté depuis cinq ans maintenant de mettre un coup de pied dans une fourmilière (Clearstream) qu'il soupçonne depuis toujours d'être une redoutable blanchisserie pour argent sale.
Ses détracteurs affirment qu'il n'a jamais compris l'ampleur de la machine. Son avocat dit ce soir "que l'affaire le dépasse largement". Et pourtant c'est lui, que les juges ont choisis d'épingler.
"Les super-menteurs du monde politique, de la finance et de l'armement sont écartés de toute poursuite. L'appareil judiciaire fait preuve d'une profonde injustice", a déclaré Denis Robert après avoir été remis en liberté sous contrôle judiciaire.
A ce niveau là Denis Robert n'est même plus un lampiste, c'est un fusible.
M. Sorbier est servi...
Triste affaire... J'ai en mémoire les histoire de marchés dans le BTP, les fausses factures et tellemnt d'autres affaires dans lesquelles les politique ont écrasé la justice.
Qui peut inverser la tendance? La justice elle-même ou était-elle complice? Y-a-t-il un bloc des médias derrière Denis Robert ou simplement quelques articles?
Non vraiment qui peut changer les choses pour que la justice ne soit plus, malgré ses dires, le bras armé invisible des gouvernements??
Rédigé par : côme | mercredi 13 décembre 2006 à 17h45
C'est la timballe! Après le off, je propose donc une dissertation sur l'utilisation des sources et les documents "volés". Vous avez 4h. ;)
Il sentait venir la chose, voilà plusieurs semaines qu'un comité de soutien s'est formé autour du journaliste.
"200 visites d’huissiers à son domicile, 30 procédures judiciaires en cours..."
http://lesoutien.blogspot.com/
PS A quand le procès des juges et magistrats qui faxent les PV et autres pièces confidentielles dans les rédactions ?
Rédigé par : Sébastien | mercredi 13 décembre 2006 à 17h46
Cette affaire est effectivement douteuse. Quelques commentaires à vif :
- Un point de principe : il faut avoir confiance en la justice de notre pays. Ce n'est pas parce que c'est un journaliste qu'il faut le lapider (ou le fusi(b)lier) mais ce n'est pas non plus pour cela, présomption d'innocence mise de coté, qu'il faut en faire un martyr;
- Sur le fond : Ma thèse est que les juges d'instruction essayent peut-être de capturer le petit poisson pour qu'il lâche tout ce qu'il sait. Ce journaliste a eu en main la première version des listings. Quelqu'un ment et tout le monde se protège. A mon sens, jusqu'ici Denis Robert s'est retranché derrière le secret de ses sources ou n'a peut-être pas tout dit. Peut-être espèrent-ils qu'il cèdera ?
Toreador
Rédigé par : Toréador | mercredi 13 décembre 2006 à 18h00
Je viens d'aller sur le blog de soutien ade Denis Robert et demander son RIB pour lui envoyer quelques sous.
Hallucinant........ Je paye pour compenser la corruption des juges !
Rédigé par : Gilbert Sorbier | mercredi 13 décembre 2006 à 18h11
(sans rapport direct avec l'affaire je me permets de vous suggérer le blog d'un avocat qui me plait vraiment beaucoup et qui aide à comprendre un peu mieux comment fonctionne la justice : http://maitre.eolas.free.fr/ . Certaines chroniques ne rassurent absolument pas sur notre système et même font peur.)
Rédigé par : côme | mercredi 13 décembre 2006 à 18h14
Désolé de ne pouvoir continuer à disserter sur Mr ROBERT qui mériterait un soutien de toute la presse française car c'est la société CLEARSTREAM qui devrait se retrouver en contrôle judiciaire.
A cio bonsoir.
Rédigé par : Gilbert Sorbier | mercredi 13 décembre 2006 à 18h24
Merci côme. Et je reconnais volontiers, Sebastien, que le principe du secret de l'instruction n'a de secret que le nom. "dont act", Toréador, un journaliste n'est pas forcément un Saint. Ce que je connais de Denis Robert plaide plutôt pour lui, cependant. le vrai problème c'est : qui va se risquer a entamer une enquête après cà ?
Rédigé par : laurent bazin | mercredi 13 décembre 2006 à 18h28
Cher Laurent,
Là vous avez raison. En même temps, ce qui me fait douter de la manipulation des juges par une quelconque autorité politique, c'est que au plus haut sommet de l'Etat, on est partagé sur les suites de cette affaire. Généralement, quand on veut "étouffer" une affaire, c'est que le pouvoir "craint" sa sortie. Or, là c'est le contraire : le pouvoir se déchire pour que la vérité soit faite.
Tout le monde était persuadé que Villepin serait inculpé. Les juges en ont décidé autrement. Y-aurait-il dans le témoignage de tel ou tel quelque chose qui est venu innocenter le PM ?
Pour moi, Villepin a voulu être opportuniste et quelqu'un a utilisé ce ressort pour tenter de mouillet N.S.
Toreador
Rédigé par : Toréador | mercredi 13 décembre 2006 à 18h33
Bon là j'ai bien peur qu'on me dise une fois de plus je suis naïf d'autant que je m'apprête un faire une comparaison hasardeuse... Mais qu'importe? J'y vais...
J'ai été très impressionné par le pouvoir des médias lors de l'affaire Aubenas. Avec Libération, son employeur, en tête il y a eu un véritable élan national. Il s'est passé quelque chose. (Avant qu'on me dise quoi que ce soit j'habite Paris alors mon regard est peut être quelque peu biaisé.)
Denis Robert souffre-t-il de n'appartenir à aucun média en ce moment? Les médias ont-ils vraiment envie de s'engager dans une telle affaire?
Je conviens volontier que dans le cas de Denis Robert il y a une instruction judiciaire en cours et que par conséquent les deux affaires ne sont pas comparables. Pourtant vu la façon dont est présentée l'affaire tous semblent croire qu'il est plus une victime qu'un coupable.
D'où mon questionnement : pourquoi n'y a-t-il pas un mouvement plus massif de la part de sa corporation? Je dis cela sans arrière pensée, je ne connais pas la faire plus que ça et surtout je ne dis pas que les médias sont complices... Voilà, voilà...
(MMMh M. Bazin, le merci était ironique ou pas? Avec ce M. Sorbier non seulement j'ai appris que j'ai un toc mais en plus je deviens parano :D)
Rédigé par : côme | mercredi 13 décembre 2006 à 18h47
Il y avait une fois dans un lointain Royaume un Conteur qui travaillait pour les Gazettes. Il connaissait mieux que tout le monde la confrérie des maîtres usuriers. La confrérie des maîtres usuriers possédait de rapides diligences transportant de gros coffres blindés d’un royaume à l’autre, sous bonne escorte. Dès qu’une échoppe d’usure sentait qu’un grand argentier du Roi risquait de venir prélever la dîme, elle appelait la confrérie des « flots clairs» qui emportait les coffres gorgés de Louis d’or dans de lointaines principautés appelés les « paradis ». Le sieur Robert ému de voir les riches usuriers voler le Trésor du Royaume alors que le bon
peuple continuait à être rançonnés, l’histoire se mit à raconter. Le 1er Gd Chambellan Galouzeau de Vil Pain et le Gd Alchimiste, le « SAR» Cozy se battirent en duel, s’accusant l’un l’autre d’avoir caché une cassette bourrée d’écus à la confrérie des flots clairs. Les juges tentèrent de condamner les Grands du Royaume, mais devant le danger que représentaient leurs hommes d’armes, ils décidèrent de faire subir la question a sieur Robert, le pauvre conteur dont le seul crime avait été la recherche de la vérité, comprenait enfin à ses dépends, que selon que l’on soit puissant ou misérable........
Rédigé par : Sar Rabin Drahnat Duval | mercredi 13 décembre 2006 à 19h52
Sar, c'est ce qu'on appelle être monomaniaque !!!
Rédigé par : Toréador | mercredi 13 décembre 2006 à 20h08
ce qui m'a sidérée c'est la façon dont les journalistes radio (désolée je ne sais plus si c'était sur France Inter ou France Culture) ont annoncé la chose, avec un détachement total, sans rappeler un tant soit peu quel avait été son rôle - stupéfiant
Rédigé par : brigetoun | mercredi 13 décembre 2006 à 20h34
Je suis scandalisée !!! Nous vivons dans une république bananière !!! Qu'attendent les journalistes pour montrer leur solidarité envers Monsieur Denis ROBERT ??
De notre côté, que pouvons-nous faire ? Je suis écoeurée............
Rédigé par : Danielle PASQUALI | mercredi 13 décembre 2006 à 20h50
Non, côme le merci était sincère pour ce lien. Et oui, je crains qu'il ne soit plus facile de mobiliser cette profession assez individualiste lorsqu'il sagit du membre d'une rédaction constituée. Souvenez-vous de Fred Neyrac et du long silence qui a précédé l'annonce de sa mort en Irak (deux ans...). Rien de comparable en l'occurence. Il n'y a pas mort d'homme. Mais j'attends de voir les unes de demain pour répondre définitivement à la question. Je crains de ne devoir me faire aucune illusion.
Rédigé par : laurent bazin | mercredi 13 décembre 2006 à 21h22
Sar Rabin Drahnat Duval
Merci pour ce comte de la vie courante.
Pour notre propre sécurité, il faut savoir où s'arreter.
Tant que cela ne se termine pas comme l'affaire des Fregates. Je vous rappel pour ceux qui ne s'en souviennent pas que les "4/5" des intervenants ont quitté notre royaume pour celui de notre seigneur...
Rédigé par : Pabrantes | mercredi 13 décembre 2006 à 21h45
Effectivement j'aurais du me souvenir de Fred Neyrac. Dur aujourd'hui de mettre en balance le bruit pour Aubenas et le silence pour Neyrac... Sachant qu'il n'y a rien à dire de mal à propos du bruit.
JT de TF1 ce soir je tombe dessus par hasard au moment où PPDA annonce la mise en examen de "Denis Robin...euh... Robert" a-t-il bafouillé...
Comment s'étonner? Média, argent, politique... Forcément vouloir s'engager dans cette histoire c'est prendre des risques... Tout ça sent le souffre et en général le Diable repart toujours avec une âme. Et on en revient toujours au même problème : comment doivent être gérées les relations politique/média/justice...? Lequel de ces trois pouvoirs forts décidera de mettre un terme à l'omerta?
Rédigé par : côme | mercredi 13 décembre 2006 à 21h57
Voilà, Robert vient de servir de fusible... Mais Denis Robert est un journaliste et cela n'a l'air de choquer que bien peu de monde. On marche à l'envers, on fait peser sur les journalistes les actes illégaux des politiques et avec cet exemplaire cas, c'est une façon d'exiger des journalistes d'investigations de se taire a jamais.
Finallement, je me demande si ce n'est pas plus dangereux d'être journaliste (je met de coté les reporters qui vont sur les terrains dangereux) que politique?
Rédigé par : julien | mercredi 13 décembre 2006 à 22h12
Oui julien, je crois que journaliste est devenu un métier dangereux. Après, on s'étonne que certains sont frileux dans leur manière de travailler ou d'interviewer, mais ceci explique peut-être cela.
Quoi qu'il en soit, ce n'est pas normal. On sent parfois les journalistes dans la retenue ou comme, muselés, mais quand on voit ce qui arrive à Denis Robert, cela n'est pas surprenant.
Les journalistes voient tout de plus près que nous et savent certainement ce qu'il est possible de faire ou non, sans qu'il y ait un risque pour eux, simplement de perdre leur travail, et à l'heure d'aujourd'hui, c'est un argument valable.
Le problème est donc plus profond et il convient de se demander si la presse, les journalistes, les média sont vraiment encore libre, au sens vrai du mot liberté.
Rédigé par : you2 | mercredi 13 décembre 2006 à 22h38
A noter que dans Libé d'aujourd'hui seul Joffrin semble à peine s'émouvoir du lynchage de Denis Robert. Pas glorieux le journalisme... aucun de ses ex collègues pour le défendre... c'est lamentable et ça en dit long sur ce métier qui est devenu du vrai lèche-cul, au sens propre du terme. A certaines exceptions près, bien entendu.
Rédigé par : James | mercredi 13 décembre 2006 à 22h40
JAMES, cela s'est répandu dans tous les corps de métier... Plus personne, n'aide personne et chacun pour soi !
C'est une très malheureuse constation en effet et c'est là qu'on voit qu'en France, il y a un véritable et profond malaise.
Quelquefois on a même l'impression d'être dans un pays en guerre, avec de tels comportements ou tout le monde se méfie de tout le monde. C'est triste.
Rédigé par : you2 | mercredi 13 décembre 2006 à 22h43
Cool, sur le thème "sarko dans l'assiette", Christophe Barbier a laissé un message !
Rédigé par : domi | mercredi 13 décembre 2006 à 22h50
En France, les "Alain Elkabbach" ont plus d'avenir que les "Denis Robert" :-(
Rédigé par : Helder | mercredi 13 décembre 2006 à 23h14
C'est désolant cette manipulation !! Comme celle du rapport du juge Bruguière.
Rédigé par : vincent | mercredi 13 décembre 2006 à 23h21
Cher Mr Bazin,
Il serait intéressant que vous écriviez un article sur cette nouvelle presse, si nauséabonde (enfin, d'après-moi), qui se répand de plus en plus, je veux parler de France Soir, par exemple, et plus globalement, de la presse people.
Pour moi, ceux qui écrivent dans ces "torchons" ne peuvent se dire journalistes. Mais il se peut que j'ai tort. Je souhaiterais par conséquent, savoir ce que pensent d'une telle presse, des journalistes (au sens où j'entends le journalisme, je veux dire des journalistes sérieux et compétents) de cette presse là.
Merci.
Rédigé par : you2 | mercredi 13 décembre 2006 à 23h31
Justice Justice Justice !!! Tu recherches ce qu'on te commande. N'oublie pas que le vent peut tourner.
Rédigé par : vincent | mercredi 13 décembre 2006 à 23h51